1986 - Scènes
Olympia de Paris du 26 septembre au 05 octobre 1986 :
- « Tout est plus fort qu’ailleurs, dans cette salle ! »
En février 1983, elle y avait rencontré le triomphe. Du 26 septembre au 5 octobre, Catherine a de nouveau choisi l’Olympia comme écrin, pour nous offrir un véritable joyau : son spectacle, deux heures sans entracte, travaillé à la perfection.
D‘abord, la scène, transformée en palais de miroirs. Jeux de reflets insolites, Manu Katché – le batteur de Michel Jonasz et de Peter Gabriel – renvois sur les chromes de sa batterie une féérie d’éclairs métalliques. Fée ou maestra ? Catherine pourfend l’espace avec l’archet de son nouveau violon, noir. Elle est sobre, étincelante. Habillée haute-couture : pantalon blanc rehaussé sur le ventre d’un nœud papillon, queue de pie noire. Dans sa voix or-argent, timbrée, énergique, grave, circulent chaleur et tendresse.
Elle chante « Les genoux écorchés », « La craie dans l’encrier », « Assis dans l’eau ». Retour à l’absolu de l’enfance. On dirait que la musique, c’est sa médecine. Le public, une grande histoire d’amour qui l’habite. D’ailleurs, le spectacle est aussi dans la salle : garçons et filles au regard adorateur chantent avec elle.
Ça chauffe ! toute cette énergie pourrait faire fondre les icebergs…
Chaud aussi le rythme, frénétique. Patrick Bourgoin au sax crée des ambiances-jazz. Des mots à la musique, grands éclats d’humour et de rock. Sur scène aussi on s’amuse bien !
On vibre au tempo capiteux d’une musique de chambre, dans un effet nuage pour « Nuit magique », avec au synthé un prestigieux musicien : Sébastien Santa Maria. Puis Catherine nous embarque pour un voyage « Au milieu de nulle part », destination rythmes d’enfer «(« La rockeuse de diamants », « Décaféïne-noi », « Famélique »). Roulements sourds proches du tam-tam, voix syncopées (Florence Davis), chœurs façon négro spirituals. Superbes, les arrangements ! Un spectacle aussi simple que lumineux. Catherine a ébloui autant qu’ému. Pas évident !
- Presse
-> le monde 1986 :
Le spectacle, dans un bel écrin de glaces et de lumières, que Catherine Lara offre à l’Olympia est superbe. Les chansons sont des bijoux l’harmonies ont, comme la chanteuse, une vaste culture musicale et une belle fraîcheur d’âme. Le concert, très rigoureux, plein de chaleur et de swing, raconte aussi une histoire d’amour avec un public qui fait ici un triomphe à chaque titre.
Claude Fléouter
-> Journal France Soir - Eté 1986 :
Catherine Lara prépare fébrilement son grand retour à l'Olympia, du 26 septembre au 5 octobre.
"Je suis folle de joie de retrouver ce foyer, s'enflamme-t-elle. C'est plus extraordinaire de faire lever les gens dans un théâtre avec fauteuils de velours que dans une grande salle où rester debout devient presque habituel. C'est formidable aussi de savoir que le public va partager avec vous une larme, un frisson, une maladresse même, toutes ces petites choses invisibles de loin qui font qu'on vibre ensemble ou pas."
Cela étant avoué, Catherine Lara n'est pas du genre à cracher dans la soupe :
"Comme tout le monde, j'ai eu ma période de délire. Le Zénith, il fallait que je le fasse. Ça m'a donné plein de joies. Mais à présent, finie l'escalade aux mammouths et aux gamelles (entendez : les projecteurs). Pourquoi pas faire du Cecil B. de Mille aussi, pendant qu'on y est? Ce qui me touche le plus quand je vais voir d'autres artistes, c'est la simplicité. Le juste dosage entre énergie et tendresse. Un équilibre que je crois avoir atteint."
Catherine Lara
Début juillet, concert à Casablanca au Maroc :
Marrakech, capitale de la musique internationale ! Du 3 au 13 juillet, la ville marocaine a reçu plus de mille artistes venus de vingt pays pour son premier Festival de la Musique et de la Jeunesse organisé par l’Association du Grands Atlas sous la présidence de Hadj Mediouri. Parmi ces étoiles de la musique, il y avait bien sûr une délégation française au plateau prestigieux réunie par Europe 1. Avec l’appui des responsables, Maître Mansouri, Pacha de Marrakech, Allal Akouri, coordinateur principal et Henri Cadoch, président de la Communauté israélite de Marrakech, Albert Emsalem, directeur des variétés d’Europe 1 et de Canal +, secondé par Charles Sudaka, avait bien fait les choses. Le responsable d’Europe 1 a pu offrir au public marocain une brochette de stars. Frédéric François, Marc Lavoine, Valerio, Laurent Morain, Cora, Nathalie Lhermitte, Alain Turban étaient au rendez-vous sur la scène au Palais Al Badia le dimanche soir 6 juillet. Quelques jours plus tard, ce sont Catherine Lara, Al Corly, Jeane Manson, Billy qui les ont rejoints pour participer, au débotté, à la fête organisée pour l’anniversaire du roi du Maroc à Casablanca. Un festival de rêve. Inoubliable.
Nuit magique à Casablanca.
9 heures du matin, pas réveillée, je me retrouve dans une salle d’attente au Bourget, aéroport parisien d’où seuls partent les avions privés. Je reconnais Jeane Manson, assise, très américaine bc-bg ayant l’air de prendre son thé de 16 heures. Billy, le kid du rock, en train de petit déjeuner et un peu partout des musicos installés près de leurs instruments de musique. Dans un coin, je découvre Catherine Lara, sa choriste et ses musiciens ; elle paraît aussi à l’abandon que moi. Sa nuit, elle l’a passée en voiture, huit cents kilomètres pour arriver à temps car elle a promis à notre Albert national de venir chanter pour l’anniversaire du roi du Maroc. Il a de la chance, car c’est un cadeau vraiment royal qu’on lui fait. Drôle d’embarquement, pas de contrôles ni de police ni de douane ; on nous conduit à un Boeing 727, spécialement envoyé par le roi. Et nous nous retrouvons à vingt-cinq dans un avion qui peut contenir plus de cent vingt passagers. Les musiciens s’installent à l’arrière et certains continuent leur nuit, couchés sur trois sièges. Assise dans les places avant avec Catherine, Jeane et Billy, nous sommes choyés : champagne, foie gras et j’en passe. Catherine en profite pour me parler de ses projets, son vidéo-clip qu’elle part tourner dans quelques jours, les galas qu’elle va donner cet été, son prochain album qu’elle préparera au mois d’août. Et de la joie de savoir son titre « Nuit magique » classé dans des dix premiers du top 50.
Trois heures plus tard, l’avion se pose sur la piste de Casablanca, la température extérieure est de 30°C mais, hélas, nous ne sommes pas là pour faire du tourisme. En route pour l’hôtel, un des plus beaux de Casa. Catherine et Jeane se voient offrir des suites somptueuses mais, pour les autres, quelques problèmes. Pendant que j’attends dans le hall que tout s’arrange, j’assiste à l’arrivée d’Al Corley, plus américain que nature, il vient lui aussi chanter pour le roi. Puis arrivent José-Louis Bocquet et Stéphane Richard, les deux reporters de choc de Salut !, ils n’ont pas l’air en grande forme. La cause en est aux quatre heures passées en car, ils arrivent de Marrakech.
Ensuite, départ pour aller répéter dans le stade où le spectacle aura lieu, ce soir. Attention, il faut montrer patte blanche, le service d’ordre est draconien car le roi sera présent. 22 heures 30, l’heure H. Trois limousines viennent prendre les vedettes, elles foncent vers le stade, précédées de motards. Arrivée assez impressionnante. Dans le stade, 100 000 personnes viennent d’acclamer l’équipe nationale de foot pour sa performance à Mexico. Le roi a tenu à la remercier. Nous longeons le terrain dans un petit couloir qui le sépare des gradins. Une pluie de confettis tombe sur tout le stade et dans le ciel, très haut, une multitude de ballons viennent d’être lâchés. La clameur est telle que nous ne pouvons nous entendre. Catherine Lara vêtue de blanc (elle a mis sa tenue de scène à l’hôtel), marche encadrée par ses musiciens et serre contre elle son violon. Tout le monde se sent un peu oppressé, même Florence sa choriste qui passe son temps à rire, se tait. Nous atteignons enfin la scène, grimpons par un escalier rudimentaire et débouchons sur le podium. En face de nous 100 000 spectateurs hurlent.
Sagement assise sur une malle au fond de la scène, Catherine semble ailleurs, elle ne pense plus qu’à son public. Je la retrouve telle que je l’ai vue avant d’entrer sur scène au Zénith ou à l’Olympia. Elle est dans un autre monde, celui de la musique. C’est à son tour de chanter. Comme elle semble vulnérable, seule avec son violon sur cette scène. Et puis, c’est le miracle, dès les premières mesures le public est conquis. « Famélique », « La rockeuse de diamants » résonnant dans les gradins, tout le monde danse. Quand sous le ciel étoilé, elle chante « Nuit magique », le temps semble s’arrêter et les briquets s’allument, petites étoiles terrestres. Langage universel que celui de la musique. C’est fini, on ne sait plus très bien où l’on est et vite il faut partir, fuir le stade pour éviter la cohue. Les Marocains qui peuvent les approcher remercient les vedettes. Retour à l’hôtel, demain réveil à 11h30, l’avion décolle à 13h35.
Réveil difficile pour Catherine qui n’est pas une lève-tôt. On la presse, l’aide à boucler son sac de voyage et elle se retrouve telle la comtesse, pieds nus. Tout le monde se met en chasse des fameuses chaussures que l’on finit par découvrir sous le lit. Ouf, elle ne voyagera pas en chaussettes. Aéroport de Casa, galère. Nous sommes arrivés sans billet en avion privé et, malgré le coup de fil des responsables de la fête, la Royal Air Maroc ne nous laisse pas partir. Catherine m’affirme que je n’aurais pas dû la réveiller, qu’elle aurait pu dormir quatre heures de plus, ce qui s’avère vrai puisque nous embarquons quatre heures plus tard.
Paris, la grisaille. On se quitte trop vite, Catherine doit repartir travailler. Elle prépare déjà son Olympia car, à la fin du mois de septembre, elle y chantera pendant dix jours et elle ne pense plus qu’à cela. Finie la fête marocaine, à bientôt pour une nouvelle fête sur scène à Paris.
Salut Juillet 1986
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